PARACHEVEMENT DE L’ESQUISSE


An ultimate Anthology MCMLXXXIV-MMII
Format : Double cd
Label : Wave Records (Brésil)
Référence : W014
Année de sortie : 2008
L’Illustration de la jaquette reprend des extraits de tous les visuels des albums parus antérieurement.
Design : Jean-Marie Noël

Guts of Darkness
Shelleyan
Novembre 2010
Mon premier album signé Opéra Multi Steel fut 'Les Douleurs de l'Ennui' acquis en soldes à Paris en 91, je crois... Quatre ou cinq écoutes et je le revendis aussitôt, mon oreille n'étant pas préparée à cette espèce de pop synthétique plutôt cheap ! Près de quinze ans plus tard, me voilà toujours un peu désarçonné face à ce groupe à nul autre pareil mais j'ai réussi à mieux saisir leur philosophie et à y prendre plaisir. Il faut dire que l'approche est plutôt atypique : une pop synthétique minimale mêlée à des textes inspirés par l'Histoire de France, les cathédrales, les chevaliers, la religion, l'art... Si les textes n'ont rien de naïf et regorgent même d'un humour assez personnel limite burlesque ("Massabielle"), il faut quand même s'habituer au chant plutôt léger et à ce parti pris assumé d'une sonorisation très old school, ou moins diplomatiquement dit, un brin cheap...Pour peu que l'on y parvienne, la touche décalée du groupe apparaît assez nettement, l'accroche facile ayant tout d'un leurre laissant croire à une musique innocente à laquelle le pékin moyen aura pourtant du mal à adhérer vu sa texture cold wave médiévale. Pour s'y frotter, pourquoi ne pas tenter cette compilation double cd réalisée par le label brésilien Wave Records retraçant la carrière du groupe de leurs débuts en 1984 à nos jours. Si le premier disque débute avec "Jardin botanique" résumant le son typique de Opéra Multi Steel : boîte très synthétique, orchestrations dépouillées qui sous un habillage new wave empruntent au baroque, voire à la musique médiévale, poésie personnelle et inattendue, c'est véritablement avec "Massabielle" que mon enthousiasme s'est réveillé. Le leurre mentionné précédemment fonctionne à merveille; derrière l'apparente naïveté de la chanson se dissimule en réalité une mélodie addictive, hypnotique, un feeling très particulier, développé en partie par ce chant limite variété qui m'avait tant rebuté la première fois... Originale, la minimal wave des Français se distingue par les influences anciennes des lignes et les textes uniques comme auront vite fait de le confirmer "Cathédrale" (mmm, cette ambiance faussement orientale), "Grégoire", "Forme et réforme", "Si c'est ainsi", "Un froid seul" qui parvient effectivement à faire frissonner, on ne sait pas très bien pourquoi... Peut-être car le groupe maîtrise totalement ses sonorités et que sous l'apparente simplicité, le professionnalisme de la production ne trompe pas ? Le second cd compilant des pièces plus récentes, on découvre une approche plus cold wave mais toujours marquée d' influences anciennes, orientales ("Parfums Esthers")... Les sonorités acoustiques, électriques, se mêlent à l'aspect synthétique de manière encore plus étroite pour plus de mysticisme ("Christ") balayant l'air de rien l'impression de pop marquant les premiers enregistrements. Le chant masculin s'est affermi, quelques touches féminines s'y joignent (influences du side-project "O Quam Tristis..." ?)...Au final, cette compilation se révèle donc un voyage réellement passionnant et si comme moi, vous étiez un peu frileux à l'égard du groupe, elle pourrait bien vous aider à réviser votre jugement...