CATHEDRALE


Format : vinyl
Label : Orcadia Machina
Référence : ORC 853
Année de sortie : 1985
Design : Katrina Koslowska et Franck Lopez
Illustration pochette : Tête de profil d’après Raphaël (Gravure de l’"Encyclopédie")
Enregistrement : Pierre Lefèvre at Feeler’s Plant (Vendôme).
L’édition originale comporte un nœud de tissu (couleur variable) dans la partie supérieure droite.

Guts of Darkness
Shelleyan
Mars 2011
Pan ! Départ de boîte à rythmes, entrée de claviers synthétiques, rien de bien surprenant, voilà de la bonne minimal wave des familles made in 80's... Mais que sont ces textes ? "Du Son des Cloches" ? Et cette mélodie sur 'Forme et réforme', elle est d'inspiration médiévale... Qu'est-ce que ça vient fiche en territoire cold wave ? Avènement des musiques froides, modernité, réflexions existentialistes, rien à voir avec ces étranges élucubrations baignées de références mystiques catholiques, d'hédonisme champêtre ou de poésie surréaliste presque enfantine... D'ailleurs quel rapport entre 'Cathédrale' et ce 'Piscine à Tokyo' aux sonorités de jeu électronique ? C'est la surprise Opéra Multi Steel, un groupe à la démarche improbable, capable de mêler références médiévales, musique synthétique et surtout, un sens de l'autodérision frais et salvateur. Il serait en effet trompeur de classer leur travail comme une interprétation moderne de thèmes classiques, nous sommes à des kilomètres de la démarche sérieuse accomplie et poétique d'un Collection d'Arnell Andrea (pour prendre un autre projet de Franck Lopez); ici le second degré règne en maître, un peu trop peut-être, qui contamine exagérément des arrangements aux sonorités mal vieillies ('Piscine à Tokyo', 'Jardin botanique', 'Brasier communiquant'). Le chant pop, les sonorités cheap, tout concourrait à exposer la caricature, même en se replaçant dans le contexte de l'époque. Heureusement, les clips fournis en bonus permettent de mieux saisir la démarche des musiciens, ludique avant tout, celle de joyeux drilles se divertissant d'ambiances mornes, de clichés qu'ils créent eux-mêmes et dont ils se rient ('Frantz est mort'). L'ennui est que ce recul plutôt sain est questionné par de belles pièces, plus sérieuses, telles que 'Massabielle', 'Cathédrale' (réellement envoûtant avec ses ambiances synthético-mystiques), 'Empire' plus proches d'une cold wave grise traditionnelle, qui plus est avec une patte bien personnelle, des arrangements précis et une spontanéité pop. Sur quel pied danser alors ? Opéra Multi Steel, un collectif de médiévistes fleur bleue ? Des caricaturistes post punk ? Des jeunes gens tourmentés ? Non, c'est un peu tout ça à la fois, une mixture osée qui fait qu'on les adore ou qu'on les déteste...'Cathédrale' est le début d'une aventure qui dure depuis vingt-six ans.